Jacques-Barthélémy Gramont

(1746 - 1816)

Rue Gramont, Bordeaux (Voir le plan)

Portrait de Jacques-Barthélémy Gramont

Gramont (1746-1816) a donné son nom (en 1843) à une rue parce qu’elle aurait longé l’une de ses propriétés… Fils d’un capitaine de navire, Jacques Barthélémy Gramont de Castéra développe ses affaires à la fin du xviiie siècle : il investit ainsi 315 000 livres dans la maison Feger, Gramont & Cie en 1784. Elle noue des liens avec des exportateurs américains de tabac dans les années 1780-1800, depuis Baltimore et la baie de Chesapeake, et avec des marchands de New York (en 1805). Il devient consul de la Bourse de Bordeaux en 1784.

Un passé trouble resurgit puisqu’il finance trois expéditions de traite négrière, l’une en 1783 et deux autres en 1803. Il est même l’un des cinq négociants qui font partie de la commission de neuf membres qui représente Bordeaux auprès de Napoléon Bonaparte quand on débat du rétablissement de la traite des Noirs en 1801-1802, abolie en 1794, puis rétablie en mai 1802 par le parlement. Le rapport de cette commission plaide sans ambigüité en faveur de la « liberté du commerce » et donc de la traite tant les esclaves seraient nécessaires à l’économie caribéenne.

Aussi la société bordelaise Gramont, Chégaray & Cie participe-t-elle à la relance du trafic. Dès mars 1803, elle envoie la Julie à la Côte de l’Or pour y acquérir des esclaves. Elle acquiert la Confiance le 12 juin 1805, active sur ce créneau depuis 1802 – mais elle est incendiée par la flotte anglaise dans le port de Muros trois jours après, au cœur de la guerre maritime entre les deux pays. En revanche, le bateau corsaire Mon-Oncle-Thomas, propriété de la société, prend l’île de Gorée en janvier 1804 et obtient en récompense 25 000 francs et vingt-trois Noirs, dont dix-neuf revendus sur places ; il arraisonne deux négriers anglais les 30 janvier et 17 mars 1804, puis en revend la cargaison (« marchandises de traite », produits tropicaux) et les esclaves à Cayenne – d’où un gros gain de 261 723 francs, dont les deux tiers pour l’armateur.

Ces opérations cessent pendant le Premier Empire à cause de la guerre franco-anglaise, du blocus imposé par la flotte britannique et la crainte des arraisonnements ou destructions. Faute d’informations, on doit supposer que Gramont se replie sur ses biens immobiliers bordelais et garde des intérêts dans des affaires de négoce. Il semble s’être construit un réseau d’influence efficace, notamment au sein des cercles bonapartistes : en effet, il est conseiller général de Gironde en 1800-1807, un temps consul général du commerce à Paris en 1803 et même président de la Chambre de commerce de Bordeaux de 1806 à 1809 ; il est nommé adjoint au maire de Bordeaux en 1806, puis maire pendant les Cent Jours le 2 mai 1815 – avant son retrait puis son décès le 6 février 1816.