Jean-Baptiste Mareilhac (1756-1838) doit son nom de place à ses fonctions – il a été l’un des trois maires d’arrondissement de Bordeaux en 1796 et conseiller général en 1800-1807 – et à sa forte position notabiliaire, en tant que riche armateur et négociant et que membre de la Chambre de commerce.
L’armateur-négociant Mareilhac a agrandi sa fortune en acquérant des Biens nationaux (actifs confisqués aux nobles émigrés et à l’Église catholique) à bon prix, terrains urbains ou ruraux. Il poursuit sa carrière de négociant au début du xixe siècle ; il est l’un des trois plus riches « patentés » de Bordeaux en 1820, pour le payement de l’impôt local sur les affaires (patente) ; sa fortune se déploie dans le vignoble des Graves quand il fait construire par l’architecte François Lhote, à la place de vestiges médiévaux, le bâtiment du Château La Louvière à Léognan, bien religieux qu’il a acquis au rabais en 1791 – et que ses enfants et petits-enfants mettent en valeur.
Mareilhac est banalement représentatif de cette couche d’hommes d’affaires qui sont investis dans le système de production et d’échanges transatlantique. Il conduit ses affaires d’armement maritime et de négoce de façon classique. Pendant la Révolution et l’Empire, il réalise plusieurs opérations d’achat aux États-Unis, comme avec le Lewis William, venu en 1805 de Philadelphie (coton, sucre, thé, cannelle, rhubarbe, bois) ; et il y recrute un agent en 1805 pour solliciter des affaires outre-Atlantique et y vendre des vins. Mais il cède lui aussi à la tentation de la traite des Noirs et monte une expédition négrière en 1792, presque au terme du cycle qui culmine dans les années 1780.
Son corpus d’idées aurait porté des valeurs en correspondance avec ses engagements économiques puisqu’il aurait été hostile à l’émancipation des Noirs caribéens. Désigné comme l’un des neuf délégués au Conseil du commerce de Bordeaux devant rédiger un rapport en réponse à l’enquête lancée par le gouvernement à propos du devenir de la loi contre l’esclavage en 1801-1802, il s’associe, le 15 février 1802, à ses conclusions favorables à son rétablissement outre-mer ; il fait partie des cinq membres qui ont participé à la traite : « Le grand objet du commerce d’Afrique a toujours été de soutenir l’existence de nos colonies occidentales […]. Il est reconnu que, dans ces contrées brûlantes [sic], la culture ne peut être utilement maintenue qu’avec les bras vigoureux des Africains. Une trop fatale expérience [depuis 1792] nous a démontré que la liberté des Noirs est incompatible avec les travaux qu’on a besoin d’en exiger […]. De là la nécessité de la traite. »