Jean (Émile) Ravezies III (1795-1877) a été le propriétaire-promoteur qui a lancé le quartier autour de la future place Ravezies (nom donné en 1901). Sa fille Marie (Joséphine Amélie) (1833-1906) épouse en 1854 Léopold (Jacques Christophe) Piganeau, l’un des grands banquiers de la place de Bordeaux.
Son arrière-arrière grand-père Simon Ravezies (ou, plus communément Ravesies) (ca1690-?) et son arrière-grand-père Jean Ravezies I (ca1710-?) étaient des « maîtres cordiers », des fabricants de cordages pour la marine. Lui aussi maître-cordier, son grand-père Jean Ravezies II (1745-1823) s’est diversifié dans le commerce maritime. Il développe des activités de négoce classiques dans la cité-port de Bordeaux – mais on n’en connaît quasiment rien.
Jean Ravezies II a accumulé une richesse qui le place à la lisière de la grande bourgeoisie. Une ultime société créée avant la Révolution, Ravezies fils aîné & Compagnie, en 1786, réunit un capital de 300 000 livres, dont il apporte la moitié et ses deux associés un quart chacun. Il acquiert, certainement en tant que Bien national cédé à bas prix par l’État, le domaine de Fonrose à Villenave-d’Ornon en 1793, où, avec son gendre, il achète aussi le moulin de Vayres pour 150 000 livres. Cette position le conduit d’ailleurs à exprimer sa grogne en signant en 1795 une pétition contre un projet d’emprunt forcé sur la fortune…
Il a couronné son ascension comme négociant par son installation sur les quais quand il a participé au lotissement du Pavé des Chartrons en 1764-1765 : il fait partie des acheteurs qui récupèrent chacun une longue parcelle perpendiculaire au fleuve, pour y installer un hôtel particulier et des entrepôts dans ce quartier en décollage.
C’est sa société, Ravezies & fils, qui a organisé une seule expédition de traite des Noirs, en 1789. Jean Ravezies II a donc été partie prenante du système de production et d’échanges transatlantique et caribéen – tout comme un autre descendant familial, Jean Ravesies, dit « l’Américain », propriétaire de quatre habitations caféières et d’une habitation sucrière à Saint-Domingue, avant le repli de sa famille en Alabama, alors en Louisiane française.
On doit supposer que ce Jean Ravezies II a transmis une bonne fortune à son fils Joseph (1773-1864) et indirectement à son petit-fils Jean Ravezies III.