Marie-Thérèse Reyne
(1740 (env.)-1779)
Marie-Thérèse Reyne est l’incarnation parfaite d’un certain parcours de vie, que l’on retrouve chez plusieurs Afro-descendants de Bordeaux. Elle naît esclave dans l’habitation des Pirly au Dondon (près du Cap Français, Haïti) entre 1740 et 1746 et arrive à Bordeaux âgée d’une vingtaine d’années au service de Marie-Thérèse Richard, épouse Pirly, qu’elle va servir comme domestique. Le 8 novembre 1774 elle est affranchie et est couchée sur son testament avec 300 livres de rente annuelle. Ce n’est cependant qu’au décès de cette dernière en 1779 qu’elle devient véritablement libre. Elle profite de cette nouvelle condition pour épouser à près de 40 ans Bernard Rigolet, un autre affranchi bordelais. Lors de la signature du contrat de mariage, elle apporte 1.000 livres en dot, issues de ses économies et des dons de la dame Pirly. Elle obtient également, grâce à la coutume de Paris, de pouvoir disposer de sa rente annuelle sans l’approbation de son mari : cette attitude est loin d’être une exception de nombreuses femmes libres de Bordeaux se montre également de très bonnes gestionnaires. Avec son mari, elle se trouve au centre d’un important réseau de solidarité, comme le prouve les nombreux enfants noirs ou métis qu’ils parrainent. Après la mort de son mari à Bordeaux en 1799, elle retourne à Saint-Domingue où ils ont pu acheter une propriété.
Julie Duprat, conservatrice, auteure de la thèse intitulée "Minorités noires à Bordeaux au XVIIIe siècle (1763-1792)"