Pierre Baour III (1778-1850) est l’héritier – avec son frère Jean-Louis II (1798-1873) – d’une grande maison de négoce du xviiie siècle, qu’il développe après l’Empire. Il est membre du Tribunal du commerce dans les années 1810-1820 et son président en 1826-1828 ; il préside la Chambre de commerce à plusieurs reprises (1826-1827, 1830-1831, 1833-1835 et 1837-1838. Il a été l’un des fondateurs du nouveau Dépôt de mendicité de Bordeaux en 1827, à Terre-Nègre, et en a été vice-président en 1832-1847. Et ses descendants du milieu du xixe siècle, d’abord ses fils Gustave et Abel, portent haut le flambeau commercial et notabiliaire : le petit-fils Jean-Louis II Baour (1798-1873) épouse Sophie Balguerie, d’une grande famille du négoce, et il marie sa fille Suzanne avec Édouard Cruse, du même monde. Il rachète aux Balguerie l’hôtel Journu en 1842, qui devient le siège du Comptoir Baour. Et il devient en 1842 Régent de la Banque de Bordeaux, banque d’émission et de crédit en 1815-1848.
Son grand-père, lui aussi nommé Pierre Baour (1720-1789), d’abord commis chez Balguerie, a développé avec son frère la société (« Comptoir Baour ») créée vers 1715 par leur père. Elle s’insère dans le système de production et d’échanges transatlantique et caribéen, par le biais du négoce avec les Antilles et d’opérations d’armement maritime, mais elle travaille aussi dans l’océan Indien, en Amérique latine et au Royaume-Uni.
Le fils Pierre Baour II (1748-1816) rejoint la direction de l’entreprise, alors orientée vers les Indes néerlandaises et anglaises et les Antilles françaises ; et, à 41 ans, à la mort de son père, avec son frère Jean-Louis I (dit Alexis, 1750-1830), il dirige la maison – y compris pendant les années difficiles de l’Empire, d’où une crise en 1801, qui entame l’actif financier, et surtout une reconversion vers le négoce des vins.
Pierre Baour I a accédé à la grande bourgeoisie bordelaise : il est élu « bourgeois de Bordeaux » (conseiller municipal) en 1760. Il épouse Antoinette Balguerie, d’une famille du négoce, en 1746, avant que sa fille Catherine épouse Pierre Balguerie en 1764. Il se fait construire un bel hôtel particulier cours du Chapeau-Rouge. La philanthropie est pratiquée : Pierre I participe à la création du Musée des beaux-arts en 1783, en signe de la notoriété procurée par la richesse ; Pierre II est l’un des douze trésoriers de l’hôpital Saint-André de Bordeaux.
Or la compagnie a fini elle aussi par s’insérer dans le cycle de développement de la traite des Noirs à partir de la cité-port de Bordeaux, entraînée par le mouvement général et l’appât des profits, malgré les risques supplémentaires créés par ce « commerce triangulaire » (Afrique, Caraïbes, France métropolitaine). Elle arme ainsi six expéditions entre 1785 (Fanny en 1785 entre Malimbe et Cap-Français) et 1792 (Émilie, entre Gorée et La Martinique), au terme de ce cycle négrier, donc sous la responsabilité des grand-père et père de Pierre III, Pierre I et Pierre II Baour.