Pierre Desse (1760-1839) et son neveu Paul Desse ont chacun contribué au sauvetage de l’équipage de deux navires, d’où le nom de rue attribué en 1874. Le second (1808-1862) ne peut être impliqué dans la traite ; mais le premier y a été associé directement. Il s’est formé dans sa jeunesse sur des négriers joignant La Martinique ou Saint-Domingue, comme pilotin, puis par exemple comme lieutenant sur l’Arada en 1787-1788. Il est le capitaine de trois expéditions négrières après 1789 (l’Union ; le Joujou, en 1791, entre de Gambie et Gorée et du Sierra Leone à Cuba et Saint-Domingue; puis en 1792, entre le Sénégal et les Caraïbes), avant l’interdiction de 1815.
Cependant, malgré celle-ci, il reprend la traite : il est ainsi le capitaine de la Jeune-Eliza, avec deux voyages de traite entre le Sénégal et La Guadeloupe en 1817 et 1818, puis du Marcelin en 1818-1819 (entre le Sénégal, Cuba et La Martinique), et enfin de l’Union en 1821-1822. Il incarne ce courant de marchands bordelais qui persistent à reproduire le modèle économique négrier devenu obsolète et illégal, avec au moins dix-huit expéditions négrières en 1819-1821.
Il ne faut pas confondre ce Desse avec l’industriel Pierre Desse (1932-1967), qui, au milieu du xxe siècle, devient le patron d’une grosse société de construction métallique en Gironde et un animateur de la Chambre de commerce.